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La vaisselle de seconde main, le terrain de jeu d’un couple

Trois cents coupelles en inox pour la réception du défilé Jacquemus en janvier à Saint-Paul-de-Vence ; une ribambelle de saladiers et de plats lors d’une douzaine d’événements Chanel en marge de son défilé croisière, en mai, à Marseille ; ou encore une collection de barbotines pour la soirée des 50 ans d’une Marseillaise… Avec leur entreprise Verre sur mer, née en mai 2022 à Marseille, Coline Harel d’Hauthuille et son compagnon, Tony Immordino, tous deux 29 ans, louent ou vendent de la vaisselle vintage aux professionnels comme aux particuliers.
Le duo s’amuse avec une sélection colorée et décalée – sur le thème de la mer ou de la Provence – pour dresser des tables (jusqu’à quatre cent cinquante couverts) uniformes ou dépareillées. Un « grossiste de la seconde main », comme le dit Coline Harel d’Hauthuille, qui, grâce au bouche-à-oreille, a commencé par séduire l’univers de la restauration. Leur vaisselle orne désormais les jeunes tables marseillaises en vogue, comme Cantoche, le deli Carlotta With ou les caves à manger Ripaille et Figure.
Diplômée d’une école de cinéma à Montréal puis de commerce (l’ESCP) à Paris, elle porte aujourd’hui la majorité du projet. Lui est architecte d’intérieur, longtemps spécialisé dans les restaurants. « Au début, on chinait pour nous. A force d’entasser, on a décidé de vendre nos trouvailles sur Internet, dans une boutique, puis d’en prêter à des amis chefs itinérants », explique la fondatrice.
A bord de leur Dacia sept places bicolore, le duo chine chez Emmaüs, dans des brocantes et des ressourceries – au point d’avoir créé une carte Google avec quatre cents points de vente en France. Depuis janvier, la vaisselle est stockée dans un ancien atelier de maçonnerie de 120 mètres carrés au cœur du quartier populaire de La Blancarde, dans l’est de Marseille. Une caverne d’Ali Baba (avec plus de quinze mille pièces), où les centaines d’assiettes blanches dépareillées, salières et verres à liqueur côtoient les tasses signées de l’architecte d’intérieur Andrée Putman, les assiettes jaunes en faïence provençale Louis Sicard et les terrines en forme de crabe du céramiste Michel Caugant. Leur usage est parfois détourné. Un coquetier sert de shooter, les ramequins en inox de cendriers, les draps anciens brodés de nappes…
Verre sur mer serait aujourd’hui « la plus grande entreprise française revendeuse de vaisselle de seconde main », assure Coline Harel d’Hauthuille. Au-delà de l’aspect ludique et décoratif, le couple – qui n’achète rien de neuf depuis des années – étudie aussi son impact carbone (« la production d’une assiette en porcelaine, c’est 1,51 kilo de CO2, donc quand on en fournit trois cents, on économise près de 450 kilos de CO2 ! »), et aspire à fournir les cantines ou les Ehpad. Avec, par exemple, les indestructibles assiettes Duralex que nos grands-parents avaient déjà à l’école.
Le site de Verre sur mer

Ophélie Francq
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